Je poste ici ma participation au concour de récit d'UvsN, étant donné qu'elle concerne aussi les nains. Et ne ne nous méprenons pas : je déteste les sombres elgis, comme gromdal pourra vous le confirmer
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Dès que le premier bruit de pas du seigneur nain retentit sous les voûtes du Hall des Héros, tel un marteau de forge fracassant une enclume de bronze et d’acier, les Fils d’Olric mirent un genoux à terre. Lorsque sa silhouette bardée de fer s’avança parmis eux, ils inclinèrent leurs têtes, murmurant des prières d’action de grâce à leur dieu guerrier, le remerciant d’avoir guidés les pas des Maîtres de la Pierre vers Askengard.
Un chant de scalde s’éleva, chantant la gloire de Kraka Drak en hommage à ce peuple protecteur sans qui la Norsca serait depuis longtemps une terre uniquement peuplée de serviteurs des dieux noirs.
Grung Brisacier, à la tête de ses marteliers, peinait à retenir un sourire peu protocolaire. En temps que Hérault du roi Skar de la Forteresse nordique, il avait pour tâche de régulièrement rendre visite aux tribus humaines de Norsca encore libres de l’influence du chaos, afin de leur faire renouveler leur serment d’allégeance. Un tâche peu enviable, car au-delà de la nécessité de faire bonne figure à tout ces sauvages vivant dans des tentes en os de baleine, le risque de visiter une tribu ayant basculée au service des dieux sombres restait tangible.
Mais ici, à Askengard, les hommes avaient bâtis de grandes salles sous la montagne du Loup Hurlant. La forteresse, même si elle n’avait pas la taille et la majesté des citadelles naines, était le fleuron de la Norsca libre. Des milliers de guerriers au coeur vaillant arpentaient ses couloirs taillés dans la roche, et le Seigneur des Crocs était toujours le premier des roitelets humains à se dresser au côté des nains lorsque l’ombre de l’étoile à huit branche atteignait les frontières des Royaumes d’Olric ou de Grungni. Grung aimait la sensation primitive que lui conférait le contact de la pierre brute du sol mal taillé, aimait l’art grossier des runes norses, aimait ce peuple farouche et sincère.
Au fond du grand Hall, Harald Griffes de fer, le Seigneur des Crocs en titre, se tenait debout sur l’estrade de ses ancêtres. Engoncé dans une lourde armure de facture naine rehaussée d’or, il portait à ses épaules une longue peau d’ours dont les pattes armés de longues lames de métal étaient soudés à ses gantelets, armes redoutables d’où il tirait son nom de guerre. A sa ceinture pendait une lourde hache qu’il maniait redoutablement, comme l’ambassadeur nain avait eu l’occasion de s’en rendre compte sur maints champs de bataille. Autour de lui sur les marches, se tenaient ses Berserkers, les élus d’Olric qui faisaient office de garde du corps des Chefs de la Norsca libre, revêtus de peaux de bêtes et armés de longues haches et épées.
Grung vit Harald sourire du haut des marches de pierre. Depuis que Griffes de fer était capable de tenir un lance contre les serviteurs du chaos, le nain et lui étaient amis. Il tardait à l’ambassadeur de s’entretenir en privé avec l’humain sur l’une des terrasses d’Askengard.
Une marche en dessous du Seigneur des Crocs, un vénérable prêtre d’Olric, au manteau couvert de runes, entonna les salutations rituelles.
_Bienvenu à toi, noble Grung Brisacier de Kraka Drak. Nous sommes heureux de te voir venir à nous en ces temps troublés.
Le sourire du seigneur nain s’épanouit dans sa barbe de cuivre aux reflets d’argent. Le pompeux cérémoniel humain l’amusait plus qu’autre chose, mais il savait qu’il allait devoir répondre de la même manière, ne serait-ce par respect pour ses hôtes.
_Seigneur des Crocs Harald Griffes de Fer, Chef des 7 clans des Torrents écarlates, maître d’Askengard, je te salue. Ma venue en ces lieux...
D’un seul coup, une chape de ténèbres s’effondra sur le Hall, mouchant les lanternes et éteignant les braseros. Grung, coupé au milieu de sa phrase, écarquilla des yeux dans le noir complet. Il entendit les hommes pousser des cris de terreur, tandis que ses marteliers s’étaient instinctivement resserrés autour de leur chef.
De grandes runes rougeoyantes apparurent sur les murs. Non pas des symboles nains ou humains, mais bien des caractères issus du plus sombre langage du vieux-monde : le noir-parler du Chaos. Au fond de la salle, une énorme roue de feu apparut derrière l’estrade.
La roue avait huits branches.
Puis d’un seul coup, l’illusion se dissipa, et la lumière revint. Il y eu un instant de silence alors que nains et humains se contemplaient, hébétés. Puis une voix profonde résonna sous les arcs de pierre :
_Corruption ! Seigneur, ils ont succombés. Quelles sont vos ordres ?
Grung se rendit compte qu’il s’agissait de Skorri, le capitaine de sa garde. Il s’apprêtait à répondre lorsque le prêtre d’Olric se mit à crier en pointant son sceptre sur le Hérault de Kraka Drak. Un éclair jailli du bâton de pouvoir et vint frapper le sol plusieurs mètres derrière Brisacier.
_Ces humains nous attaquent ! rugit ce dernier. Tuez leur chef !
Les marteliers s’élancèrent vers l’estrade. Une hache de lancer prit son envol et vint trancher net la gorge du sorcier corrompu. Un instant plus tard, les berserkers du Seigneur des Crocs se mirent à pousser de grands rugissements et leurs esprits s’emplirent de la Colère d’Olric, tandis que leurs lames se jetaient sur les marteliers.
Grung, quant à lui, saisit son lourd marteau de guerre et marcha à la rencontre d’Harald Griffes de Fer. Ce dernier, ébahi, hésita un instant avant de croiser le regard empli de haine du nain. Une ombre passa sur son visage buriné, et il s’avança vers le nain, sa hache de bataille brandie au-dessus de son épaule.
L’ambassadeur para le premier coup, puis frappa à son tour. L’homme esquiva grâcieusement avant de lancer un coup de coude dans le visage de celui qui avait été son ami.
Brisacier encaissa sans broncher, puis repoussa violemment l’homme en avant à l’aide de la hampe de son marteau. Profitant de son avantage momentané, il feignit de viser les côtes du chef norse avant de faire pivoter la prise de son arme et de lui faucher les jambes.
Harald tomba à genoux en hurlant de rage avant s’enfoncer ses fameuses griffes de fer dans le ventre du nain. Les lames runiques déchirèrent la chair et l’acier, arrachant à Grung un cri de douleur. Néanmoins, cela n’empêcha pas le marteau de frapper à nouveau l’homme à l’épaule, projetant le maître d’Askengard à terre.
Sans broncher, l’ambassadeur eut un sourire féroce en brandissant une dernière fois son arme. La tête de métal fondit sur le visage du seigneur des crocs, qui jeta un dernier regard d’incompréhension à Grung. Puis le visage explosa en une myriade de particules de chair et d’os.
Le Hérault marqua un coup d’arrêt. Ce dernier regard... Il n’était pas normal, pas de la part d’un servant du chaos.
C’est sur ces dernières pensées que s’acheva la vie de Grung Brisacier, ambassadeur de Kraka Drak, alors que sa tête s’arracha sous le coup de la hache d’un berserker d’Olric.
***
Dès que le premier bruit de pas du seigneur nain retentit sous les voûtes du Hall des Héros, tel un marteau de forge fracassant une enclume de bronze et d’acier, les humains mirent tous un genoux à terre. Haeras, peu habitué à ce genre de situation, soupira en jetant un coup d’oeil nerveux à la sorcière. Cette dernière éclata de rire en voyant la mine penaude de l’assassin vêtu de noir.
_N’ai crainte, Haeras Sombremort. Je ne suis pas la meilleure des sorcière d’ombre des couvents noirs pour rien. Mes sortilèges les rendent aussi sourd et aveugles à notre présence que si nous étions en ce moment même en plein cœur de Naggaroth.
Le Khainite se renfrogna en foudroyant Jeraria du regard. Il considérait les sorcières, assujetties à Morathi, comme des slaaneshiis plus ou moins confirmées. Une vermine odieuse à éliminer. Et celle-ci plus que tout autre...
Cette parodie de meurtre était une insulte au Dieu à la Main Sanglante. Mais les ordres étaient ce qu’ils étaient, et Haeras dût chasser de ses saintes pensées de son esprit.
Même si ces créatures restaient d’une infériorité navrante, l’assassin ne put s’empêcher de ressentir une pointe d’admiration devant le petit groupe de naugrims qui remontaient majestueusement l’allée. Leurs armures d’aciers miroitaient à la lueur des flammes et leurs runes gravés scintillaient légèrement sous l’effet d’une magie ancestrale, tandis que leurs yeux brillaient à la manière d’un éclat de glace. Incontestablement, c’était là des guerriers, et Haeras aurait de loin préféré leur faire honneur en les assassinant à lame nue.
La sorcière et lui, toujours dissimulés par le charme d’ombre, se décalèrent légèrement pour laisser passer la délégation. Un instant plus tard, le sorcier humain se mit à parler dans sa langue gurrutal. Soudain pris d’un doute, l’assassin interpella Jeraria :
_Le mage humain ne peut pas nous voir, n’est-ce pas ?
La sorcière émit un petit ricanement en saisissant son bâton.
_Cette misérable créature en est incapable...
Puis elle se mit à incanter, appelant à elle d’horribles énergies. Ecœuré, Haeras fit un pas de côté.
Alors que le chef des naugrims prenait la parole, le sortilège d’illusion emplit le hall, dévorant la lueur des torches comme une furie le ferait d’un bol de sang frais. Des inscription blasphématoire apparurent sur les murs, ainsi qu’un odieux symbole du chaos. Alors même que les humains se mettaient à hurler de terreur, Haeras eut la détestable impression qu’une lame de glace venait de lui transpercer le coeur.
_Hérésie... murmura-t-il tout bas.
Puis la lumière revint, et l’assassin ne put réprimer un léger soupir de soulagement. Un instant plus tard, un nain se mit à beugler en levant son arme, pointant du doigt le mur d’où venait de disparaître l’étoile du nord.
Au même moment, Haeras croisa le regard du sorcier d’Olric. Ce dernier le contemplait, horrifié, son sceptre serré entre ses mains.
L’assassin comprit immédiatement que l’homme les avait repéré. Il se attrapa la sorcière et se jeta au sol avec elle, alors même qu’un éclair frappait l’emplacement où les druchiis se trouvaient une seconde auparavant. Puis un doux gargouillement se fit entendre, et Haeras vit que le sorcier n’était plus une menace. Une hache s’était enfoncée dans sa gorge.
Sur l’estrade, un terrible combat s’était engagé, mettant au prise les hommes habillés de peau de loups et les nains armés de marteaux. Aux milieu d’eux, les deux chefs barbares se livraient à une lutte sans pitié au milieu des imprécations de leurs gardes su corps. Sur les côtés de l’allée, homme, femmes et enfants s’étaient mis à s’entre-tuer, rendus fous par les pouvoirs du Dieu du Meurtre.
Jeraria s’approcha de lui en souriant.
_Je me demande pourquoi les seigneurs de Naggarond t’ont voulu à mes côtés, fit-elle d’une voix suffisante. Ton utilité est resté... marginale. Même si je dois admettre que je n’avais pas prévu que le prêtre nous repérerais...
Haeras jeta un oeil sous sa cape au petit sablier gravé de runes. Satisfait, il rendit son sourire à la sorcière.
_Mon assassinat va s’achever. La méthode est contestable, mais pourtant si magnifique.
Jeraria fit la moue.
_Oui... Je suis plutôt satisfaite. Sans chef et brouillé avec les nains, le clan humain sera balayé par notre raid.
Une lueur de malice s’alluma dans les yeux de l’assassin.
_Quel raid ?
La sorcière haussa un sourcil.
_Le raid de la lune d’Ash, évidement !
Un sourire s’esquissa sur les lèvres d’Haeras.
_Il n’y aura pas de raid.
_Pas de raid ? murmura la sorcière, estomaqué. Mais alors ce massacre n’a aucun sens !
_Oh que si... répondit doucement le Khainite d’un air entendu. Pour le Temple, ça en a.
Jeraria lança un regard hébété à l’assassin. Puis soudain prise de douleur, elle grimaça en se tenant le ventre.
_Slaaneshii ! cracha Haeras d’un air sombre.
La sorcière s’effondra au sol et se mit à cracher du sang. A la question muette de son regard épouvanté, le Khainite répondit par un rictus moqueur.
_C’est de la racine de Seracia. Un poison je j’apprécie hautement pour sa capacité à tuer à un instant extrêmement précis.
Jeraria gémit une dernière fois en se tordant de douleur.
_Apprécie au moins l’honneur que te fait le seigneur Khaine en faisant périr tant d’innocents simplement pour mettre fin à tes jours.
Haeras fit volte face et reparti en sens inverse, marchant sur les cadavres des milliers d’humains qui s’étaient massacrés dans une frénésie meurtrière. Ils étaient tous morts dans cette formidable orgie de sang consacrée par le Dieu à la Main Sanglante en personne. C’était un spectacle magnifique.
Alors qu’il approchait du portail de pierre, l’assassin distingua une petite silhouette qui venait à lui. Se tournant vers elle, il vit que c’était un enfant humain aux cheveux blonds, tenant d’une main une hache et d’une autre un talisman dédié à son dieu. Le gamin tremblait de tout son être, mais Haeras vit qu’une froide résolution brillait dans ses yeux de glace.
_Ma pitié me serra un jour fatale, murmura l’assassin en dégainant une lame nue.
Un sourire s’épanouit sur son regard.
_Je vais te faire l’honneur que les naugrims n’ont pas eus... murmura-t-il.